Bilan de l’Assemblée générale 2024

Par Société des agrégés, le 27 janvier 2024

L’Assemblée générale de la Société des agrégés, réunie le samedi 27 janvier 2024, a pris connaissance des résultats des élections internes de l’association. La présidente, agrégée de grammaire, a été réélue à la présidence de l’association par le nouveau Comité, lui-même élu par la majorité des électeurs. L’Assemblée générale a adopté un vœu et a mené des réflexions dont la teneur est ici résumée.

L’Assemblée générale, face à la crise croissante de l’enseignement et au manque d’attractivité du métier de professeur, s’est interrogée sur les moyens de revivifier la vocation à l’enseignement et d’y attirer les meilleurs des étudiants. Elle a rappelé la nécessité d’une revalorisation financière effective de tous les personnels de l’Éducation nationale, d’une amélioration du fonctionnement des ressources humaines et d’une rupture avec une politique de « management » incompatible avec la nature d’une institution publique qui ne s’apparente en rien à une entreprise privée. Mais, au-delà de ces mesures matérielles et humaines, il faut redonner du sens au métier de professeur en réaffirmant sa mission de promotion intellectuelle, culturelle et sociale par l’acquisition du savoir. Il faut renouer avec les fondements de l’école républicaine, un modèle méritocratique où la valeur de chacun est reconnue en fonction de ses talents et de ses efforts.

Un tel objectif suppose, pour les professeurs, un recrutement par des concours nationaux qui garantisse leur maîtrise du savoir ; une formation pratique qui les prépare à exercer, avec responsabilité, leur liberté pédagogique ; un système d’affectation qui tienne mieux compte de leur qualification et de leurs compétences ; la reconnaissance du rôle spécifique des professeurs agrégés dans les classes de lycée et dans l’enseignement supérieur, ainsi que dans la formation initiale et continue des professeurs.

De la même façon, pour les élèves, le modèle méritocratique ne peut se justifier pleinement que si l’enseignement a l’ambition de conduire chacun d’entre eux au maximum de ses capacités. À cet égard, l’État, s’il veut lutter contre les déterminismes sociaux, doit lever, par des mesures appropriées, les obstacles matériels, financiers et culturels qui peuvent s’opposer à la volonté de s’instruire.

La Société des agrégés exprime ses plus fortes réserves sur la réforme envisagée par le ministère pour le futur recrutement des professeurs du second degré (concours à bac + 3, en fin d’année de licence, suivi de deux années de formation professionnelle menant à un master), estimant qu’il pourrait porter préjudice à la qualité du recrutement des professeurs certifiés, qui constituent la grande majorité des personnels en collège et en lycée. Ce n’est pas en diminuant les exigences disciplinaires et en déconsidérant la primauté du savoir que le ministère pourra susciter davantage de vocations à l’enseignement.

La Société des agrégés estime que les mesures annoncées par Gabriel Attal, qui devraient être mises en œuvre par son successeur, Mme Amélie Oudéa-Castéra, ne pourront concourir à l’ambition de rehausser le niveau scolaire que si des moyens supplémentaires sont attribués aux établissements, faute de quoi elles seraient non seulement inopérantes mais aggraveraient encore les conditions de travail des professeurs et des élèves. Les premières remontées du terrain laissent malheureusement craindre que les dotations horaires allouées pour l’instauration des « groupes de besoin » au collège, en français et en mathématiques, ne soient très insuffisantes ou prises sur les moyens attribués à d’autres dispositifs ou options.

La Société des agrégés a le devoir d’indiquer au ministère et, plus généralement, à l’opinion publique, les voies qui lui semblent les meilleures pour redresser l’enseignement français et redonner du sens au métier de professeur, en soulignant l’importance du savoir dans la formation des futurs enseignants et dans leur mission de transmission et d’émancipation. C’est à cette tâche prioritaire, parallèlement à ses activités d’information et de conseil auprès des agrégés et des agrégatifs, que se consacreront le bureau de l’association et sa présidente.