L’agrégation en mai 1968

Par Société des agrégés, le 1 avril 2020

L’agrégation en mai 1968

Mai 1968 eut des conséquences sur le déroulement de l’agrégation des lettres (ancien nom de l’agrégation de lettres classiques). Il faut dire que l’agrégation n’était pas vue d’un bon œil et que les langues anciennes n’avaient pas bonne presse…

L’épreuve de thème latin ayant été perturbée, une autre épreuve fut organisée, qui fut perturbée également. Le problème se posa aux membres du jury d’avoir à sélectionner des admissibles alors que certains candidats avaient été physiquement empêchés de passer leur épreuve.

Il fut donc décidé de ne compter la note de thème latin que pour ceux qui avaient pu passer l’épreuve et de calculer leur moyenne sur cinq notes tandis que, pour les autres, la moyenne se ferait sur quatre notes seulement. Suite à des réclamations, le Conseil d’État annula cette agrégation plusieurs années après, le 28 novembre 1973. C’était un problème de taille car certains professeurs avaient donc enseigné pendant près de six années scolaires comme agrégés.

Ce fut le Parlement qui fut chargé de régler le problème par une « loi relative à la validation des résultats du concours de l’agrégation des lettres de 1968 ». On trouve le témoignage de l’embarras des parlementaires dans un rapport ici. Il s’agit, selon le rapporteur, Jacques Habert, d’un « cas de conscience » pour le Parlement : « ou bien il entérine une irrégularité et perpétue ainsi l’injustice faite aux personnes lésées par la décision annulée ; ou bien il a le sentiment de commettre lui-même une autre injustice à l’encontre des personnes privées des droits qu’elles pensaient avoir acquis. »

Finalement, le Parlement décidera de la validation des résultats et une session spéciale sera organisée en 1975/1976 pour les candidats non admis en 1968, qui n’auraient pas eu le concours les années suivantes.

L’année d’après, en 1969, les épreuves d’autres sections furent aussi chahutées. Une de nos adhérentes s’en souvient ici.