Discours et communication – Isaure Mercier

Par Société des agrégés, le 11 avril 2013

Discours et communication – Isaure Mercier

Isaure Mercier est directeur conseil dans un cabinet de conseil en stratégie

Quelle est votre activité professionnelle ?

J’accompagne les entreprises et les institutions dans leur stratégie de développement et je les aide à communiquer lors des changements qu’elles promeuvent ou auxquels elles peuvent être confrontées. Cela regroupe deux sortes de situations, d’une part l’accompagnement de projets sensibles, qui peuvent être négatifs, comme des restructurations ou des crises, ou positifs, lors de rachat d’entreprises ou de croissance externe ; d’autre part des situations de transition, quand, parvenues à un certain stade de leur développement, ces entreprises et ces institutions ont besoin de réfléchir au positionnement de leur communication et de leur image pour continuer à croître et assurer leur avenir. Cela suppose d’intervenir en amont et à de hauts niveaux de décision (notamment Direction générale, DRH, Direction de la communication), sur des problématiques et des secteurs très variés, souvent stratégiques pour l’entreprise, ce qui rend ce métier très stimulant intellectuellement.

Quel parcours avez-vous eu avant ?

J’ai travaillé en cabinet ministériel comme « Conseillère en charge des discours », autrement dit « Plume », de différents ministres (principalement Éducation nationale, Travail, Affaires sociales, Emploi et Santé). J’ai eu la chance de travailler sur des sujets très différents, souvent assez techniques. L’un des enjeux était de faire en sorte que la parole publique qui annonçait l’action du gouvernement sur ces sujets puisse s’exprimer de façon juste, c’est-à-dire adaptée à la fonction de l’orateur, représentant de l’État, aux circonstances comme au public visé, tout en veillant à resituer les objectifs dans leur contexte pour mieux faire comprendre – à défaut de toujours la faire accepter – la stratégie choisie.

Pourquoi avez-vous passé l’agrégation ?

L’agrégation était à la fois un aboutissement et une ouverture. La formation que j’avais reçue au cours de mes études y trouvait son accomplissement logique : être habilitée à transmettre à d’autres, aux générations suivantes, ce que les lettres classiques goûtées en profondeur m’avaient permis de découvrir, une certaine façon de penser et de dire le monde et les relations humaines qui me paraît plus que jamais d’actualité. Une ouverture aussi, du fait du niveau d’exigence que l’agrégation consacre et qui peut s’avérer précieux dans bien des domaines. Un ami m’a dit un jour que c’était grâce à son agrégation de lettres classiques qu’il avait été embauché dans une grande banque à un poste stratégique : la maîtrise de l’accentuation grecque, gage de rigueur dans un métier où la moindre virgule mal placée peut déclencher des catastrophes financières !

En quoi l’agrégation a-t-elle un lien avec ce que vous faites aujourd’hui ?

Les qualités qu’oblige à développer ce concours, comme l’exigence dans la qualité du travail accompli, la hauteur de vue, la finesse d’analyse, la prise en compte du point de vue de l’autre, l’attention au mot juste, sont des atouts essentiels dans les métiers du conseil et de la communication.

Avez-vous enseigné, enseignez-vous aujourd’hui ?

Les opportunités professionnelles qui se sont présentées à moi juste après l’agrégation ne m’en ont pas donné le temps, mais qui sait ensuite de quoi l’avenir sera fait ! Je pense que l’Enseignement se nourrit aussi des expériences vécues dans des mondes variés, et inversement, que la formation de l’esprit acquise par ce concours est un atout pour s’adapter à ces différents mondes.

Merci à Isaure Mercier, lettres classiques 2005.