Neiges perdues – Jean-Louis Benoît

Le 20 avril 2019

Neiges perdues – Jean-Louis Benoît

Jean-Louis Benoit, provençal exilé en Bretagne (mais n’est-ce pas acclimatation, voire enracinement, plutôt qu’exil ?) et maître de conférences émérite, publie, après deux romans (voir L’Agrégation n° 471 et n° 488), un recueil de poèmes que le titre et l’épigraphe placent sous le signe de Villon et de Rimbaud.

Benoit est poète de mots simples, des fragilités, des espoirs déçus mais vivaces. Vers irréguliers et brefs, souvent impairs, – du moins j’interprète ainsi ses incipit «Les lamentations du feuillage» et «Mes contradictions pèsent peu», mais nous manquons d’un signe pour marquer les diérèses… Autre chose m’évoque Verlaine : le morceau de ciel bleu entrevu (page 8, page 18). Pourtant Benoit a une musique qui n’appartient qu’à lui. Il a divisé son recueil en deux « chants », pour parler comme Hugo : douze neiges «naturelles» ; puis dix «spirituelles». Dans les Naturelles, les promenades par les champs et par les grèves, par les parcs et les jardins, un cheval, un escargot, des peupliers, la rose et le raisin, relancent l’imagination. Les Spirituelles sont plus violentes : fleuve, vent et feu. Ce poète ne dédaigne pas le paradoxe. J’aime, parmi ses vers, «Le grand silence de vagues». Ou : «Toutes les fleurs du jardin ne valent pas/ Un instant de philosophie» – deux vers qui peut-être constituent le pivot du recueil.

On ne négligera pas, in fine, les cinq Dédicaces, ni même les deux poèmes « de circonstance » (dont une Ballade pour le départ à la retraite), ni surtout les deux adaptations de poèmes mariaux (Rutebeuf, Gautier de Coinci) où l’on retrouve le spécialiste de la littérature romane du XIIIe siècle.

Par Benoît Le Roux

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Jean-Louis Benoit, Neiges perdues, Lyon, Jacques André éditeur, 2018, 42 pages