Diccionario de variantes del español – Lauro Capdevila
Le 27 septembre 2017
Notre collègue Lauro Capdevila, agrégé d’espagnol, inspecteur pédagogique régional honoraire, signe ici un ouvrage numérique, de libre accès sur la toile, qui s’avère être un précieux vade-mecum pour tous les hispanistes.
Comme un dictionnaire unilingue classique, version papier, le Diccionario de variantes del español classe les mots par ordre alphabétique mais la ressemblance s’arrête là. En effet, il s’agit d’un dictionnaire analogique, ne présentant que les termes et expressions qui sont spécifiques d’une région linguistique du monde ou dont la signification peut varier selon qu’ils sont utilisés en Espagne ou en Amérique, et que par conséquent un locuteur hispanophone risque de ne pas comprendre ou de comprendre de façon erronée. Ainsi, pour chacun de ces vocables sont précisés l’aire géographique d’utilisation, le contexte d’emploi et éventuellement le registre de langue, le tout accompagné d’un synonyme non équivoque ainsi que d’une citation d’auteur illustrative, tirée d’une œuvre littéraire ou d’un périodique, avec sa date de publication, comme dans l’exemple suivant :
« gachupín -na. s.
Gachupas. Español. (desf.).
Méx. Nunca falta quien defienda a los gachupines.[1] PIÑERA, Falsas 20″.
Ce terme péjoratif (desf. = desfavorable) est employé au Mexique (Méx. = México) pour désigner un (ou une) espagnol(e). La citation est tirée de :
“PIÑERA GUEVARA Héctor (Méx.), Falsas profecías mexicanas, 2001. [página 20] México, Instituto Politécnico Nacional. ISBN. 978-97-036-0010-6″
Comme le montre cet exemple, pour chaque terme répertorié dans le glossaire, la source de la citation, indiquée sous une forme abrégée, est consultable dans son intégralité sous l’onglet « Anexos », à la rubrique « Fuentes ». Le même onglet permet d’accéder à la liste des abréviations utilisées, avec leur signification (« Abreviaturas »), ainsi qu’à des statistiques sur les mots recensés, par pays où ils sont employés (« Estadísticas »). Par ailleurs, sous l’onglet « Simbología », on trouvera l’explication de quelques symboles utilisés dans cet ouvrage.
Une autre originalité remarquable de ce dictionnaire est qu’il est présenté par son auteur comme « una obra en progreso », autrement dit un ouvrage perfectible qui intègrera volontiers les observations et compléments, accompagnés de citations et références précises, que voudront bien communiquer les lecteurs qui le souhaitent au moyen du formulaire de contact accessible par l’onglet « Contacto » sur la page d’accueil du site internet.
Puisse cet appel à l’interactivité être entendu et permettre ainsi de suivre au plus près les évolutions de l’espagnol, deuxième langue de communication internationale, parlée par près de 500 millions de personnes sur l’ensemble de la planète. Car toute langue vivante, pour reprendre la belle comparaison de la romancière et journaliste chroniqueuse espagnole Rosa Montero, « est comme une peau qui recouvre le corps social et s’étire ou se plisse au rythme de ses changements. »[2]
Sur ces derniers mots, souhaitons longue vie au Diccionario de variantes del español !
Par André Godet
[1] “Il ne manque jamais quelqu’un pour défendre les “gachupines”.
[2] « La lengua es como una piel que recubre el cuerpo social y se estira y encoge siguiendo sus mudanzas.”(Rosa Montero, Palomear, El País, 22/10/2013)