L’agrégation, un trésor pour toujours
Par Société des agrégés, le 11 mars 2016
Elle a vu passer plusieurs rois et empereurs, elle a vu défiler maints régimes, maintes républiques et maints gouvernements, elle a vu naître, vivre et mourir plusieurs systèmes éducatifs mais, 250 ans plus tard, elle est toujours là, fidèle à ses premiers principes tout en ayant su évoluer avec les siècles.
Comment l’agrégation pourrait-elle appartenir à un âge révolu ? Dit-on que Notre-Dame, que la Tour Eiffel, que le château de Versailles sont dépassés ? Non, on les restaure et on n’imagine pas que leur coexistence avec des bâtiments plus récents puisse poser problème. L’agrégation n’appartient à aucun siècle, elle en traverse quatre, elle est au cœur de toutes les époques !
Tour à tour l’agrégation fut un remède, au moment de l’expulsion des jésuites, pour la création d’un corps de professeurs laïcs compétents, elle fut la pierre de l’édification de l’université impériale, elle fut la clé de voûte de l’école républicaine. Elle a permis la renaissance de l’enseignement du grec ancien au XIXe siècle. Elle a, dès qu’elle a revêtu un caractère national, contribué à l’élévation du niveau général des enseignants. Elle a accompagné l’émancipation féminine de 1883 à 1976, date de l’union définitive des concours masculins et féminins.
250 ans après sa naissance qui la vit apparaître sous les traits des belles-lettres, de la philosophie et de la grammaire, elle est aujourd’hui organisée dans une trentaine de sections, donnant la part belle aux sciences et aux technologies : sciences économiques et sociales, sciences industrielles de l’ingénieur, économie-gestion, sciences médico-sociales sont venues, au fil des années augmenter le nombre des disciplines sanctionnées par le concours.
Cet anniversaire est l’occasion de considérer l’agrégation comme un patrimoine que nous devons entretenir pour le transmettre aux générations futures, en leur faisant confiance pour savoir l’adapter à leurs temps et en garder l’esprit.
C’est un défi lancé à l’éducation nationale actuelle, qui doit cesser de voir petitement l’agrégation comme un problème administratif pour envisager ambitieusement la richesse et l’utilité d’un concours internationalement reconnu, dans un univers éducatif désormais mondialisé où certification et distinction de l’excellence seront des atouts.
L’agrégation appartient à une Histoire qui nous dépasse, nous n’en sommes que les dépositaires éphémères. Emprunter les mots de Thucydide n’a, en l’espèce, rien de grandiloquent : elle est, bien réellement, pour la France, un « trésor pour toujours ».