Physique au bac S : un adhérent nous écrit

Par Société des agrégés, le 30 juin 2015

Physique au bac S : un adhérent nous écrit

Comment masquer l’échec de la réforme du lycée en modifiant les barèmes…

Pour la seconde année consécutive, la baisse du niveau des élèves en sciences se fait ressentir lors de la correction du baccalauréat de Sciences physiques. En effet, chaque année, plusieurs enseignants sont réunis sur des copies « test » la veille de la distribution des copies afin de juger du niveau de l’épreuve et des notes potentielles de ces dernières. Tout cela ayant pour but une harmonisation des notations mais aussi une première vision du niveau de l’examen.

L’année dernière, un nouveau barème a été communiqué trois jours après le commencement des corrections car les premières notes remontées étaient trop faibles, ce qui a contraint les enseignants à reprendre toutes leurs copies et à recommencer la correction en un temps restreint. Cette année, afin d’éviter un tel problème, il a été demandé aux enseignants de corriger 5 copies et de remonter les notes exercice par exercice puis d’attendre un éventuel retour (validation des notes ou alors envoi d’un nouveau barème). Ceci ayant été fait, encore une fois un nouveau barème nous a été envoyé. Ce n’est pas tant le fait de modifier le barème qui nous indigne, mais bien ledit barème.

Afin de masquer l’échec de la réforme du lycée en physique, il ne tient quasiment compte d’aucune rigueur, d’aucune connaissance du socle terminal, ni du travail de l’élève durant son année de terminale S mais uniquement du fait que l’élève sache lire et recopier des documents donnés, ou de ses connaissances très minimes du programme de la classe de seconde générale.

Ainsi, nous attribuons 3.5 points sur un total de 6.5 points au premier exercice, 4.75 points pour un total de 8.5 au deuxième exercice, et 3.5 points sur un total de 5 points au troisième exercice uniquement pour le simple fait de recopier des informations fournies dans les documents du sujet ou pour des connaissances très sommaires de l’enseignement de sciences physiques de la classe de seconde générale.

Un tel barème n’aurait pas existé si le sujet avait été correctement conçu (ainsi que le programme de TS). Ces modifications annuelles a posteriori sont ressenties comme un mépris du travail des enseignants, comme un mépris de notre matière, comme un mépris de nos enseignements et ne peuvent motiver les élèves futurs à une quelconque rigueur, à une quelconque nécessité de travail, ni à la défense de notions essentielles et des savoirs que chacun d’entre nous tente de faire acquérir à ses élèves.

On est en train de saborder le navire des sciences en proposant ce type de sujet (les élèves sont perdus car ils n’ont pas le recul nécessaire) et ce programme de TS car les élèves ont l’impression d’empiler les connaissances sans les comprendre, ils n’ont pas le temps de bien assimiler les concepts et ainsi de prendre le recul nécessaire et cela finit par les décourager et même les écœurer.

L’inspection avait demandé aux professeurs de physique-chimie de donner leur avis sur la réforme. Lorsque les conséquences de cette réforme se matérialisent objectivement dans les réponses des élèves au sujet de baccalauréat, ils sont priés de se taire. Quand l’éducation nationale cessera-t-elle de masquer la réalité des faits, de mépriser les professeurs, de mentir aux élèves et à leurs parents ?