Curricula, notices et biographies

Par Société des agrégés, le 15 avril 2013

Alors que la conclusion de l’affaire Bernheim a suscité cette semaine quelques articles sur l’embellissement du curriculum vitae, permettez-moi de partager avec vous l’extrait d’un texte malheureusement non réédité à ce jour. Le Vade-mecum du petit homme d’État[1] s’adresse aux hommes politiques français aux « aptitudes physiques et intellectuelles moyennes », promettant de leur ouvrir « les bas-côtés de l’avenue centrale du pouvoir ».

L’auteur y déroule avec brio tous les passages obligés de la carrière : le curriculum vitae ou notice biographique est l’un des exercices périlleux, dans lesquels il n’en faut révéler ni trop, ni trop peu…

« Votre notice

Vous rédigerez avec soin la Notice qui figurera ensuite au bas de votre portrait dans le recueil de l’assemblée.

Évitez, autant que possible, les faux par trop flagrants, mais dans un souci louable de vérité ne mettez cependant pas tout : Chevalier du Nicham-Iftikar et abonné au gaz sont, sans doute, des distinctions qui devraient justement valoir à leur titulaire la considération de ses concitoyens, mais la France n’est pas la Belgique et il est plus distingué, chez nous, de n’en point faire état.

Autre pays, autres mœurs.

Par contre, s’il est préférable de ne donner que des renseignements exacts, encore y faut-il la manière : instituteur, par exemple, on se baptisera avantageusement universitaire. En revanche, membre du Conseil d’État ou de la Cour des Comptes, Inspecteur des Finances ou Préfet, mais à condition que personne ne l’ignore, on s’intitulera « fonctionnaire », en toute modestie. Cette discrétion attirera la sympathie. De même, le terme générique de professeur fera-t-il pardonner une agrégation par tous ceux qui n’ont pas pu dépasser la licence.

Et si l’on n’est absolument rien, on se dira publiciste. »

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