Université contre prépa, le faux débat (1)
Par Société des agrégés, le 7 février 2013
Une tribune parue cette semaine dans Libération tente vainement (et inutilement) de relancer le débat et de raviver les haines entre université et classes préparatoires. L’opposition entre ces deux systèmes est artificiellement exacerbée, repose sur des préjugés qui ont la vie dure et est toujours le prétexte au suintement d’une véritable haine dont la persistance ne manque jamais d’étonner.
Artificiellement exacerbée, parce que les coopérations et collaborations entre les différents types d’établissements existent déjà, et avec succès ; parce que les classes préparatoires n’ont pas le monopole de la préparation des concours et que, jusqu’à présent, les universités avaient de bons cursus de préparation dans différentes filières, notamment à l’agrégation.
Reposant sur plusieurs préjugés complètement faux. Un système valoriserait le « bachotage » à court terme quand l’autre développerait l’esprit critique. Cette analyse ne tient pas une seconde lorsque l’on compare certains sujets de partiels des premières années où les étudiants sont invités à répondre à des questions portant exclusivement sur leurs cours, quand, en classes préparatoires, les sujets des épreuves, s’affranchissant de la lettre du cours, invitent à la réflexion. Elle ne tient pas plus quand on constate qu’à l’issue d’échanges entre classes préparatoires et universités, les prétendus bachoteurs font également de très bons chercheurs, très demandés. Un système valoriserait la sélection alors que l’autre non. Le fait que la sélection se traduise positivement dans un cas par la réussite au concours quand elle se traduit négativement dans l’autre par un taux d’abandon trop important doit-il masquer que la sélection est partout à l’œuvre dans notre société ? Un système serait plus socialement sélectif que l’autre : le taux des boursiers a augmenté dans toutes les classes préparatoires et il est comparable dans les grandes écoles et dans les études de troisième cycle.
Bref, sous ces arguments se cache une réalité peut-être un peu moins présentable.
(A suivre…)