Parcours scandaleusement kafkaïen pour les doctorants
Par Société des agrégés, le 29 juin 2015
C’est reparti pour un tour. Comme chaque année en cette période, les jeunes agrégés ayant obtenu contrat doctoral, contrat d’Ater ou contrat postdoctoral dans des établissements d’enseignement supérieur ou de recherche pour mener leurs travaux tout en ayant une charge de cours, doivent se battre contre l’administration sourde et aveugle à leur demande de disponibilité ou de détachement.
À nouveau, cette concurrence idiote entre le second degré et le supérieur qui appartiennent pourtant à la même maison depuis le remaniement de 2014, tandis que les recteurs, également chanceliers des universités,sont censés assurer la coordination des enseignements supérieurs avec les autres degrés d’enseignement.
À nouveau, le refus pour raison de service alors qu’ils seront invariablement affectés dans des collèges dans lesquels, selon les textes réglementaires, ils ne devraient être nommés qu’exceptionnellement et qu’ils devraient enseigner dans les lycées et dans l’enseignement supérieur.
Alors qu’ils ont fait la preuve de la qualité de leurs travaux, qu’ils ont travaillé dur pour être classés premiers et obtenir des contrats rares ne pouvant être sollicités deux années de suite, on les place dans une situation inextricable : se rendre sur le lieu d’affectation où personne ne les attend vraiment – « Tu es agrégé ? Qu’est-ce que tu fais ici ? » – ou démissionner de l’éducation nationale pour pouvoir enseigner dans le supérieur. Bien plus, ayant été contraints de demander des postes de remplaçant pour avoir une chance d’obtenir le droit d’honorer leur contrat, ils se retrouvent, en cas de refus, dans des postes mobiles qui obèrent durablement la possibilité de poursuivre des travaux de recherche. La double peine.
C’est une situation absurde, qui dure depuis trop longtemps alors même que le faible nombre d’étudiants concernés ne saurait à lui seul remettre en cause le bon fonctionnement des académies et que le nombre de contrats accordés par les universités chaque année est prévisible.
Il y a une mauvaise volonté des rectorats et une absence totale de coordination entre second degré et supérieur, malgré toutes les belles déclarations du ministère sur le bac – 3/bac +3.
Il y a aussi un mépris condamnable pour la recherche puisque la condition pour obtenir ces contrats n’est plus la qualité des dossiers soigneusement étudiés et retenus par les universitaires mais un laisser-passer administratif, attribué au hasard, indépendant de tout critère scientifique.
La Société des agrégés demande depuis plusieurs années l’attribution systématique des détachements et disponibilités aux agrégés ayant obtenu ce type de contrat et la reconnaissance du rôle et de l’utilité des agrégés dans le supérieur. Bref, une gestion des ressources humaines intelligente, qui utilise au mieux le potentiel de chacun et accompagne plutôt qu’elle ne sanctionne ou ne pousse au départ. Pour le moment, c’est toujours la maison qui rend fou.