Le niveau baisse

Par Société des agrégés, le 4 janvier 2016

Le niveau baisse

Si le niveau des élèves fait souvent les grands titres de la presse, on évoque moins souvent le niveau de l’encadrement de l’Éducation nationale. Or, manifestement, si l’on en croit le dernier rapport produit par l’IGAENR, il baisse aussi.

Citer ses sources, faire référence à des textes précis pour appuyer sa démonstration, rendre explicite la logique du développement exposé, voilà les conseils élémentaires prodigués aux élèves et aux étudiants qui rendent leurs premiers travaux. On s’étonne donc de l’absence, dans un rapport sur le mouvement, du décret relatif au statut des agrégés qui rend l’affectation des agrégés en collège exceptionnelle [1]. En effet, seul le décret concernant les professeurs certifiés est cité une fois, les auteurs laissant entendre, à tort, qu’il s’applique à toutes les catégories de professeurs du second degré.

Le manque d’application est bien la seule explication possible : on ne saurait concevoir que l’omission de ce texte, définissant le service des agrégés ait été volontaire. À moins que ce ne soit le manque de disponibilité ? Comment expliquer que le rapport se soit contenté de quelques mystérieux « interlocuteurs » pour assurer que les agrégés en collège souhaitent y rester ?

L’excellente étude de notre collègue Rémi Luglia, s’appuyant sur plus de cinq ans d’observations, a bien montré que l’absence d’opportunités réelles interdit de tirer des conclusions sur les désirs des agrégés à partir du seul mouvement. Une étude complémentaire nous a également permis de montrer que ce sont les femmes qui souffraient le plus de cette situation.

Orienter des travaux pour en conclure qu’il est impossible d’affecter tous les agrégés au lycée et que les agrégés, très heureux en collège, doivent fournir gratuitement trois heures de service supplémentaires par semaine ? Justifier par tous les moyens une mesure permettant d’économiser près de 1500 postes sans efforts ? Viser les agrégés en considérant qu’ils sont trop peu nombreux pour se défendre et en divisant les collègues ? Non, vraiment il est impossible d’y croire. Non, non, non. La seule, l’unique, la véritable explication est que le niveau baisse.

 


[1] Le décret n°72-580 est clair : « Ils assurent leur service dans les classes préparatoires aux grandes écoles, dans les classes de lycée, dans des établissements de formation et, exceptionnellement, dans les classes de collège. »