Inauguration de la place Jacqueline de Romilly

Par Société des agrégés, le 2 octobre 2018

Inauguration de la place Jacqueline de Romilly

En ce 2 octobre 2018, la maire de Paris et le maire du 5e arrondissement ont inauguré la place Jacqueline de Romilly. La Société des agrégés est heureuse d’avoir été présente.

Mme de Romilly, lauréate de l’agrégation de lettres en 1936, professeur de lycée puis professeur des universités à Lille puis à la Sorbonne, a joué un rôle considérable dans le développement et le maintien de l’enseignement des langues anciennes.

Professeur au collège de France, membre de l’Académie française où elle fut la deuxième femme à entrer, elle publia de nombreux ouvrages. Sa traduction de La Guerre du Péloponnèse de Thucydide fait encore autorité aujourd’hui.

Elle avait dit un jour : « Si je cherche à expliquer pourquoi j’ai choisi le grec, c’est toute ma vie que je vais expliquer. C’est l’émerveillement que m’ont donné ces textes, au premier contact avec Thucydide, mais aussi les cours que je suivais à la Sorbonne. Tout au long de ma vie, c’est le même émerveillement qui a joué, le même sentiment que j’étais là en contact avec une littérature qui est le début de toute notre littérature occidentale. Où on s’étonne de voir comment cela a pu être dit avec tant de force et porté tellement bien, même en notre temps. Cette clarté d’analyse, cette clarté des idées ! Ce sont les idées que nous discutons encore aujourd’hui, mais après des siècles, où on est embrouillé dans un vocabulaire abstrait. Tandis que là, on avait la découverte des idées à l’état immédiat, pur et fort. »

Puissions-nous prendre conscience que la promotion du latin et du grec ne se fait pas au détriment des autres disciplines mais que ces langues constituent notre héritage commun, la pierre fondatrice de notre développement intellectuel et sensible à tous. Puissions-nous voir que cet enseignement ne doit pas s’adresser à quelques élèves choisis mais à tous, afin que puissent se lever demain de nouvelles Jacqueline de Romilly des villes comme de nouveaux Paul Veyne des champs. Puissions-nous transmettre encore, méditer toujours ces propos antiques lumineux qui nous aident à voir clair dans notre époque passionnée et troublée.