Encore un comité Théodule !

Par Société des agrégés, le 24 avril 2013

Encore un comité Théodule !

« J’ai maints chapitres vus,/Qui pour néant se sont ainsi tenus :/Chapitres, non de Rats, mais chapitres de moines,/Voire chapitres de chanoines. »

Un décret paru au Journal Officiel du 26 mars 2013 a institué un « Conseil national de l’innovation pour la réussite éducative » dont la composition a été publiée dans le Bulletin officiel du 18 avril dernier. Résurrection désuète du Comité créé par Jack Lang, c’est une nouvelle manifestation de défiance envers les professeurs.

Les professeurs sont apparemment indésirables au Conseil. Comme d’habitude, ils sont sous-représentés. Sur 78 membres, 6 enseignants ont été nommés pour l’école primaire, le collège et le lycée soit moins de 8 % du total et moins que le nombre de chercheurs en psychologie, sociologie et autres, qui obtiennent d’ailleurs la présidence dudit Conseil. Et l’on retrouve toujours les mêmes (Dubet, Meirieu…).

À l’heure des échanges numériques entre pairs qui doivent être favorisés, ces comités Théodule appartiennent définitivement au passé. Est-il encore possible de se fier aujourd’hui à ce type d’organisation lourde et inefficace ? Quel sens y a-t-il à promouvoir ces structures où les prescriptions viennent d’en haut quand il faudrait manifester une véritable confiance dans la capacité des professeurs à organiser eux-mêmes leur propre pratique ?

Or les outils existent ! Il suffirait par exemple de commencer par prendre en compte les remarques que les professeurs utilisateurs du site P@irformance formulent pour l’améliorer. Bref, on méconnaît l’investissement des professeurs qui se sont déjà emparés des technologies numériques dans la mesure où elles constituaient un véritable enrichissement pour leurs élèves et on donne un écho démesuré à des personnes qui font profession d’être des réformateurs depuis plus de trente ans[1].

Cruelle déception pour les professeurs qui attendent que l’on s’intéresse enfin à leurs initiatives et à leur travail au sein des établissements. Camouflet, puisque l’on considère, une fois de plus, leur liberté pédagogique comme une coquille vide et non comme l’expression d’une autonomie due à leur expertise et à leurs talents.

 


[1] 50% des agrégés (et des professeurs en général) en exercice dans le secondaire ayant moins de 45 ans, on se demande bien comment ils pourront se reconnaître là-dedans.