Concours : de l’institution à l’installation provisoire

Par Société des agrégés, le 20 avril 2013

Concours : de l’institution à l’installation provisoire

La nouvelle maquette du CAPES vient d’être rendue publique sur le site du Ministère, l’arrêté est prêt, sa publication au journal officiel n’est plus, semble-t-il, qu’une question de semaines. Ce texte entérine une évolution des concours inquiétante : outre que les nouvelles épreuves ne sont pas moins arbitraires et sont certainement plus injustes que des épreuves strictement disciplinaires[1], ce qui frappe, c’est le mouvement incessant qui touche les concours.

L’invasion de l’arbitraire

Si les écrits restent relativement stables, réservés au contrôle des connaissances disciplinaires, leur diminution est très nette dans l’économie de l’ensemble : comptant auparavant pour la moitié de la note, ils n’en représenteront plus à l’avenir qu’un tiers.

C’est dire que, si les épreuves écrites représentent encore la première étape de la sélection, elles ne joueront aucun rôle dans la sélection finale.

Or les épreuves orales d’admission sont désormais uniquement des épreuves à «visée professionnelle» dont les descriptions, assez variables d’une discipline à l’autre – et tout à fait obscures – laisseront libre cours à l’improvisation totale et/ou à la récitation de catéchismes.

L’éternel provisoire

Depuis trois ans, tout a été modifié plusieurs fois, des diplômes et certifications requises pour concourir jusqu’aux conditions même d’existence du concours : M2 exigé, puis, pour la session 2014, M1 suffisant ; obligation de détenir CLES et C2I, exigée, puis repoussée, puis à nouveau exigée puis annoncée comme supprimée avant d’être à nouveau exigée dans un délai à définir ; modification de la date des écrits avancés à novembre avec inscription en juin, puis remis en juin pour la session 2014 avec inscription en janvier 2013, puis on ne sait plus quand avec inscription en septembre 2013, introduction de l’épreuve agir en fonctionnaire de l’Etat puis disparition…

Les concours étaient une institution, stable, permettant à chacun de savoir, plusieurs années à l’avance, à quoi il se destinait, à quoi il se préparait et quand il devrait être prêt. Ils sont devenus une installation provisoire que l’on démonte et remonte à volonté, ils n’ont même plus la régulière fixité des manifestations culturelles : le festival de Cannes est plus immuable…

Dans un tel contexte, où toutes les règles sont soumises au hasard des modifications et des calendriers de réformes, la réussite ne doit plus rien au mérite mais tout au sort. Et il n’est pas tolérable que le concours devienne une grande loterie, où 100% des admis n’auront fait que tenter leur chance.

A suivre…

 

[1] Voir communiqué de presse du 22 janvier 2013.