Réforme du recrutement : il est encore temps pour le ministère de sauver l’essentiel
Par Société des agrégés, le 20 juin 2025
Alors que le ministère poursuit la mise en place d’une réforme mal engagée de la formation initiale et du recrutement des professeurs, la Société des agrégés rappelle qu’il serait préférable de placer le concours du CAPES après la licence, avec une année spécifique de préparation. Alors qu’il souhaite maintenant installer « un directoire dans chaque académie », réunissant « a minima » le directeur de l’INSPE et les présidents des universités de la zone géographique, la Société des agrégés tient à apporter son point de vue sur la participation et le rôle respectif des Universités et des INSPE dans la formation.
Pour mettre l’accent sur la formation disciplinaire, que le ministère s’est engagé à prioriser, il est impératif, compte tenu de la place du concours en troisième année de licence, que les universités, qui délivrent les grades universitaires, aient la charge exclusive de la formation et de l’évaluation de la maîtrise disciplinaire. Cette formation doit se poursuivre, sous leur égide, en première année de master, d’autant plus que l’acquisition des savoirs disciplinaires en licence, avec la préparation du concours, sera réduite, faute d’un temps d’étude suffisant. De plus, la possibilité doit être donnée aux meilleurs des candidats admis au concours du CAPES d’effectuer un master de recherche en vue de préparer l’agrégation.
Il appartient au ministère de réformer les INSPE, qui depuis leur création et sous différentes appellations, n’ont jamais fait la preuve de leur efficacité, ce que confirment de nombreux témoignages de stagiaires. Ces instituts doivent se consacrer, en deuxième année de master, à l’accompagnement du stage en alternance, à l’apprentissage des gestes professionnels et à la didactique de la discipline, avec un apport accru de professeurs ayant une expérience concrète du terrain.
Il est encore temps que le ministère mette en accord ses paroles et ses actes en redonnant à la formation disciplinaire une priorité effective. Il est encore temps pour les INSPE de reconnaître l’inanité d’une doctrine prônant une pédagogie hors sol et l’illusion d’une construction exclusive du savoir par l’élève et de réviser leurs pratiques en profondeur. Il est encore temps de redonner aux universités la responsabilité de la transmission d’un savoir disciplinaire, lui-même au cœur du métier de professeur. Il est encore temps de sauver l’essentiel, de revenir, dans la formation théorique comme dans la pratique, à la fonction primordiale de transmission des savoirs et de contribuer ainsi, dans l’intérêt des élèves, au redressement nécessaire de l’enseignement.