Affectation, les agrégés dindons de la farce
Par Société des agrégés, le 19 janvier 2014
Au mois de mars, le plus grand jeu de hasard existant sur internet sera ouvert : des milliers de professeurs, à la tête d’une somme de points calculée pour l’occasion, se lanceront à la course à l’affectation en les misant sur des postes, grâce à leur espace I-Prof.
Un processus opaque et confus…
Les néophytes qui s’adressent régulièrement à la Société des agrégés ne sont pas les seuls à n’y rien comprendre. Chaque année, les règles du jeu sont différentes et elles sont variables selon les académies : les bonifications (points accordés en fonction de situations particulières) sont plus ou moins importantes, se cumulent ou non. L’agrégé se négocie à 120 ou 130 à Aix- Marseille, à 90 à Caen, à 250 à Bordeaux, à 300 à Lille… Il faut chaque année des dizaines de circulaires académiques pour compléter la note de service nationale et fixer les règles locales, et une armada de commissions pour repasser derrière les simulations informatiques. Bref, le mouvement porte bien son nom : si « le monde n’est qu’une branloire pérenne », le système des affectations donne le tournis.
… qui dessert les agrégés
Cette complexité favorise une injustice envers les professeurs agrégés qui, bien que devant être affectés en lycée [1], ne bénéficient pas des points nécessaires pour obtenir les postes conformes à leur statut. Non seulement leurs vœux lycée ne sont pas exaucés mais ils sont même parfois contraints à demander des collèges dans l’espoir d’un barème plus important leur permettant in fine d’obtenir un lycée mais prenant ainsi le risque d’être affectés en collège « à leur demande ».
Sur 31 académies, à peine une dizaine permettent aux agrégés de se lancer dans la course avec un nombre de points suffisants pour espérer le lycée.
L’affectation des agrégés, Société des agrégés, 2014, 119 p.
__________________
[1] Décret n° 72-580 du 4 juillet 1972 relatif au statut particulier des professeurs agrégés de l’enseignement du second degré.