Statistiques et propagande

Par Société des agrégés, le 7 mai 2014

Statistiques et propagande

Statistiques et propagande

La campagne de communication[1] autour du Bilan Social 2012-2013 publié la semaine passée par la DEPP est bien orchestrée. Le message essentiel porte sur l’hétérogénéité des rémunérations, puis, comme par une déduction logique, sur l’opposition entre premier et second degré ou, encore plus vendeur, sur l’opposition entre certifiés, agrégés, professeurs de classes préparatoires.

Au moment où il s’agit de faire passer le gel du point d’indice et l’absence de revalorisation des rémunérations des professeurs[2], y a-t-il moyen plus efficace que de renouer avec les divisions qui avaient produit leur petit effet lors de la crise des classes préparatoires de novembre dernier ? Semer la zizanie dans la salle des professeurs, bel objectif.

Le document publié par la DEPP, présenté comme une révolutionnaire nouveauté, plus exacte que la présentation par indices et échelons traditionnelle, repose sur une inexactitude fondamentale : les primes, considérées comme un élément du salaire, contiennent les heures supplémentaires. Bref, sous couvert de transparence, on a remplacé la présentation de grilles indiciaires objectives, reflétant l’âge et la progression de carrière de chacun par des moyennes trompeuses comprenant salaires fixes, primes et heures supplémentaires.

Autre inexactitude concernant les professeurs de chaire supérieure que la DEPP laisse assimiler aux professeurs de classes préparatoires et qui sont présentés, contrairement aux autres catégories et selon une ficelle grossière, tous âges confondus. Faut-il rappeler que les professeurs de chaire supérieure (2089 en tout) ne constituent qu’une infime partie de ces professeurs ? Faut-il rappeler qu’ils sont, pour la majorité d’entre eux, en fin de carrière et donc logiquement mieux payés ?

La DEPP indique pourtant que les écarts les plus importants de rémunération sont dus à l’âge et au sexe : le Ministère serait donc bien inspiré de se demander, par exemple, comment encourager les femmes et favoriser leur accès aux postes les plus élevés afin de leur permettre d’égaler réellement les salaires masculins.

 


[1] Voir notamment Les Échos, «Éducation nationale : le grand écart des rémunérations entre enseignants» ou «Salaires des profs : les écarts cachés révélés».

[2] Retrouvez notre dossier sur l’évolution du pouvoir d’achat des agrégés dans le n°468 de L’Agrégation, à paraître mi-mai.