Réforme cosmétique

Par Société des agrégés, le 18 mai 2015

Réforme cosmétique

L’écart entre les annonces et la réalité est toujours aussi flagrant. À grand renfort de prospectus, le Ministère promet des prestations de luxe pour offrir le bas de gamme.

Qui ne souhaiterait une école dans laquelle des élèves instruits et enthousiastes utiliseraient leurs savoirs et capacités à réfléchir sur des projets complexes ? Une école qui formerait, sans infantilisation, des esprits libres et responsables ?

Hélas, l’éducation nationale est à l’image de nombre de bâtiments publics : la façade est magnifique, le hall resplendissant et majestueux… et les bureaux sont délabrés, les toilettes sales, le matériel obsolète, les radiateurs et climatiseurs dépourvus de branchement.

L’accompagnement personnalisé a pourtant déjà montré ses limites : les classes sont surchargées, même pendant ces heures réservées à l’assistance aux élèves. Alors on explique que « personnalisé » ne signifie pas « individualisé ». Et le tour est joué. Ce n’est plus de la communication, c’est de la publicité mensongère.

Les explications de la Ministre sur le financement de la réforme du collège sont insuffisantes. 20% du temps de travail des élèves consacré à l’interdisciplinarité, c’est en réalité au moins 40% d’heures à trouver pour permettre regroupements interdisciplinaires et dédoublements. Alors que les dotations des établissements sont revues à la baisse depuis plusieurs années et que nombre de disciplines en souffrent déjà.

La répartition des moyens pour la prochaine année scolaire a d’ailleurs dû être faite sans que personne ne sache quelle organisation serait adoptée pour 2015. Un travail inutile, à refaire à la rentrée (dont, par ailleurs, on ne connaît toujours pas la date exacte, qui change selon le vent).

On ne sait si la réserve citoyenne souhaitée par le Ministère est une bonne idée. Mais, ce qui est certain, c’est que la visite d’établissements et la découverte du fonctionnement administratif de l’éducation nationale surprendront plus d’un citoyen. Qui trouveraient certainement instructive une publication annuelle, sur le site du Ministère, des dotations globales attribuées à chaque établissement. Une saine mesure, celle-ci tout à fait matériellement possible.

Pas sûr qu’on ait envie de les aider à voir derrière le papier glacé du prospectus.