Dire ce n’est pas faire

Par Société des agrégés, le 2 septembre 2014

Dire ce n’est pas faire

Il semble que la conférence de presse de rentrée ait surtout été l’occasion pour les journalistes de tester les connaissances de la nouvelle ministre.

Après une présentation de mesures d’intendance, envahie par le thème des rythmes scolaires – qui depuis la concertation de l’été 2012 monopolise autant qu’il empoisonne tous les débats – et pimentée d’un zeste d’ABCD de l’égalité, la ministre s’est escrimée à trouver des réponses à toutes les questions posées – avec beaucoup de bonne volonté et d’application, il faut le reconnaître.

Un sujet l’a cependant manifestement mise dans l’embarras : la gestion des ressources humaines du ministère et ses défaillances. Interrogée sur la question des affectations, opaques, aveugles et sourdes, elle n’a rien répondu.

Résumons donc ce que les professeurs auront pu entendre :

Le ministère de l’Éducation nationale, ce n’est pas nouveau, s’est fait une spécialité de la méthode Coué, alliée à des procédés de planification dignes de la campagne de viande de Riazan[1]. Tandis que la nouvelle ministre a privilégié jusqu’à présent les sujets sociétaux pour lesquels l’annonce et l’affirmation de bonnes intentions suffisent, il est à craindre qu’elle peine à faire adopter d’autres méthodes.

Nous souhaitons une bonne rentrée à tous les élèves et à tous les professeurs, en espérant voir mener des actions qui garantissent l’excellence des élèves, du recrutement des professeurs, de l’enseignement français, en France et à l’étranger.

 

La Société des agrégés, qui n’a pas attendu les ABCD de l’égalité pour défendre les agrégées et s’interroger sur leurs affectations et leur progression de carrière, dans le second degré comme dans le supérieur, est heureuse de fêter en octobre prochain le centenaire d’une association aux instances mixtes et paritaires, qui, dès 1948, au moment de l’unification des sociétés masculine et féminine, comportait dans son bureau, une section des intérêts féminins : voir le programme du Centenaire.

 


[1]« Lors de son discours de Leningrad du 22 mai 1957, Khrouchtchev avait proposé de tripler en trois ans la production de viande du pays. Devant les faibles résultats enregistrés en 1958 (à peine 8 % d’augmentation), des instructions sont envoyées à tous les comités régionaux du Parti afin qu’ils prennent des «mesures résolues» pour augmenter sensiblement la production de viande en 1959. Le Premier secrétaire de la région de Riazan, A. N. Larionov, prend alors l’engagement de «tripler» en un an, pour sa région, les livraisons de viande à l’État. Pour tenir ce pari irréaliste, les autorités locales ordonnent d’abattre la majeure partie des vaches à lait, du cheptel de reproduction, et de «racheter» contre un reçu toutes les bêtes élevées par les kolkhoziens sur leur lopin. Ces mesures ne suffisant pas, les autorités locales font acheter du bétail dans les régions voisines, avec les fonds publics destinés à l’achat de machines, à la construction d’écoles, etc. À ce prix, le pari insensé est tenu pour l’année 1959 ! Mais, l’année suivante, le cheptel, décimé en 1959, accuse une baisse de 65 % par rapport au niveau de 1958, et la production de viande chute de 80 %. A. N. Larionov se suicide. L’application des «méthodes de Riazan», étendue, de manière plus ou moins caricaturale, à de nombreuses régions, a des résultats catastrophiques : en 1964, la production de viande est inférieure à celle de 1958. ». Nicolas Werth, Histoire de l’Union soviétique de Khrouchtchev à Gorbatchev.